https://www.ouest-france.fr/sport/footb ... il-6822231
Le président exécutif du Stade Rennais a pris acte de la décision de la Ligue de Football professionnelle. Le club termine donc le championnat à la troisième place. Mais, selon lui, n’est toujours pas officiellement qualifié pour la Ligue des Champions. Il explique pourquoi.
Entretien
Le Stade Rennais est-il en Ligue des Champions après les annonces de la LFP, ce jeudi ?
Non. C’est un constat. En plus, c’est une saison très compliquée car il faudra attendre la finale de la Ligue Europa, fin août, pour savoir où on sera exactement. Habituellement, vous êtes fixés fin mai pour un début de compétition au mois d’août si vous êtes en Q3 et en playoffs, ou au mois de septembre. Là, on ne sera fixé que fin août, seulement.
À condition que l’UEFA maintienne son calendrier européen.
Pour l’instant il n’y a pas de débat. Ils ont du temps, les premiers matches ont lieu le 6 ou le 7 août. Donc il n’y a aucun caractère d’urgence pour eux à clôturer la saison maintenant. On ne saura pas tout de suite.
Comment avez-vous accueilli la décision de la LFP d’acter la fin du championnat en faisant un classement au ratio « nombre de points pris/matches joués » ?
Depuis le début, on a milité pour la poursuite du championnat et pour faire tous les efforts possibles pour aller au bout car les conséquences économiques d’arrêter maintenant ne sont pas neutres. Elles sont même très graves. Malgré tous les moyens mis en œuvre, on constate que l’on ne peut pas aller au bout. Il me semble tout simplement juste que le classement soit arrêté tel qu’il a été décidé de l’arrêter aujourd’hui. Vingt-huit matches sur trente-huit, ça fait presque les trois-quarts de la saison qui ont été joués, donc le classement, à mon sens, reflète la valeur des équipes sur cette saison. Et encore une fois, cela ne fait que suivre la décision de la FFF sur les championnats amateurs, la FFF qui avait mené une grande réflexion pour trouver le moyen le plus juste de clôturer cette saison.
N’êtes-vous pas un peu consterné par le spectacle qu’ont pu offrir certains présidents ?
Je ne veux pas commenter cela. Ma position du 18 mars à aujourd’hui n’a pas changé d’une virgule.
Qu’est-ce qui s’ouvre devant vous ?
Il faut sauver les quarante clubs, économiquement. Les conséquences de cet arrêt sont très lourdes, avec notamment les pertes de droits tv.
Canal + a rompu son contrat.
Oui.
Donc 243 millions d’euros se sont envolés.
Chacun va mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour limiter l’impact économique de cet arrêt. Mais quand le Premier ministre vous dit que c’est fini, dans une République normalement constituée, on écoute sa décision. Moi, quand le Premier ministre, qui a été élu, parle, je l’écoute et j’applique sa décision. Quand bien même elle ne me conviendrait pas. Il a été très clair, il n’y avait pas de place pour le doute. Cela étant dit, je peux comprendre que des frustrations naissent dans d’autres clubs car ce n’est pas une saison normale. Je veux bien l’entendre. En tous les cas, il va falloir mettre en œuvre tout ce que l’on peut mettre en œuvre pour sauver les quarante clubs et avoir des comptes de résultats qui ne soient pas trop dégradés au 30 juin.
Un PGE (prêt garantis par l’État) est en cours, à hauteur de 225 millions, ce qui amènera du cash, malgré une situation moins bonne que prévue à cette date.
Bien sûr, mais la solution du cash ne sera pas suffisante. Ce sera forcément une mesure suffisante pour passer le cap, mais il faut aussi des produits pour que le compte d’exploitation ne soit pas trop dégradé.
Une qualification pour la Ligue des Champions se dessine tout de même. Ce qui signifie une hausse des revenus, près de 38 millions d’euros entre les droits tv et les recettes.
Ça, c’est si on passe Q3, playoffs. On est loin de ces montants-là. Pour l’instant, on est en Q3. Si vous perdez, en Europa League ce sera comme l’année dernière, donc pas plus de revenus que la saison dernière. On est sur la route, on est sur le chemin. C’est la première fois que le Stade Rennais est sur le chemin de la Ligue des Champions. Maintenant, à nous, avec Julien (Stéphan), de conduire le Stade Rennais sur ce chemin, pour aller jusqu’au bout, jusqu’à la phase de groupes.
C’est presque comme si vous ne pouviez pas l’apprécier cette qualification.
On sait que c’est le chemin pour y accéder. Je l’ai déjà vécu puisqu’avec Monaco on a déjà connu ce chemin de reprise, et même jusqu’aux demi-finales. La chance que l’on a, et Lyon en a bénéficié ces deux dernières années, est que si le vainqueur de la Ligue Europa est déjà qualifié par son championnat on est alors directement qualifié pour la phase de groupes. J’espère qu’on aura la même chance que Lyon.
Vous avez échangé avec les joueurs ?
Étant très pris, j’avoue que c’est Julien qui communique avec eux et leur a annoncé, avec mesure, la nouvelle. Avec mesure car on n’est pas encore en Ligue des Champions. Ça, c’est un faux message. Mais on peut y arriver.
Plusieurs d’entre eux, à Rennes et ailleurs, pouvaient être réticents compte tenu de l’état sanitaire du pays.
Beaucoup voulaient aussi reprendre. Mais ce n’est même pas la question. Le Premier ministre a décidé que les conditions sanitaires et les conditions dans lequel le pays se trouve n’étaient pas réunies pour qu’on puisse reprendre l’entraînement. Point. Pas de débat. Il a décidé, on applique, c’est tout.
Quid de l’accord sur les salaires, les concernant ?
C’était pour le mois d’avril. En fonction de ce qui va se passer dans le mois qui vient, par rapport à nos ressources, on va échanger avec toutes les parties pour voir ce qu’il faut faire, ce qu'il faut mettre en œuvre. Je ne peux pas en dire plus. La situation économique depuis mardi, on sait ce qu’elle est. On est sujet à beaucoup de pertes et il va falloir les limiter. La perte potentielle de chiffre d’affaires est juste astronomique. Il ne faut pas perdre ça de vue.
Ce virus a fichu en l’air des semaines de travail, vous concernant. N’est-ce pas votre sentiment ?
Elles ne sont pas fichues en l’air, non. Et à circonstances exceptionnelles, travail exceptionnel. On devait le faire. C’est tout ce travail qui permet d’aboutir à ces décisions. Il n’y a rien à regretter. S’il fallait le refaire, je passerais autant de temps pour que l’on aboutisse à la solution la plus juste.
La Ligue des Champions, c’est s’ouvrir à un monde encore plus grand ?
C’est une compétition unique. J’espère apporter mon expérience de ce chemin-là. C’est aussi pour cela que je suis venu. Il ne faut pas en rêver, de la Champion’s Leaugue. Il faut travailler pour y aller. On peut rêver aujourd’hui, d’accord. Mais demain, il faudra arrêter de rêver et travailler pour y aller. La Champion’s League, ce sont les phases de groupes, par les Q3 ou les playoffs.
Sportivement, il va falloir bâtir l’effectif.
C’est toute la difficulté de cette saison. Comme on va attendre très tard de savoir si on est obligé de jouer les qualifications ou non, pour l’instant, on ne peut pas avoir un modèle Champion’s Leaugue car on n’y est pas. Il faut donc monter une équipe très solide pour se préparer pour les Q3 et playoffs éventuels, dans l’objectif de passer ces deux tours et de rejoindre les phases de groupes. Sur une saison normale, vous avez ces éléments-là fin mai et vous pouvez travailler tranquillement. Nous, on ne peut pas. Il va falloir s’adapter. Ce sera la même chose pour les autres clubs qui sont dans notre situation. Encore une fois, il faut arrêter de rêver et se mettre au travail.
Une date de reprise est évoquée ?
Non, non. Pour l’instant, on a clôturé ce championnat. Pour le prochain, on n’a aucune information, aucune certitude.
Le dossier du directeur sportif, Florian Maurice, est-il passé d’important à urgent ?
C’est un sujet qui va m’occuper un peu plus, c’est sûr, puisque le championnat est clôturé. Mais je n’ai rien à officialiser pour l’instant, rien de plus à dire que ce que j'ai déjà dit sur ce sujet.