Jérémy Gélin, transféré en Belgique depuis le début de la saison par le Stade Rennais sous forme de prêt, a retrouvé la joie de la compétition.
Jérémy, comment se passe votre saison ?
Je découvre un nouveau championnat, une nouvelle ville, un nouveau pays, une nouvelle langue aussi. C’est très enrichissant d’un point de vue humain, j’avais besoin de cette nouvelle aventure, de ce nouveau challenge. Je suis très bien ici, je retrouve du temps de jeu, ce sentiment d’être plus joyeux le matin, de retrouver tout ce dont un footballeur a besoin. Je suis très heureux d’avoir fait ce choix-là car ça m’apporte tout ce qui me manquait ces derniers temps.
Avoir la garantie d’un temps de jeu conséquent était indispensable à vos yeux…
Je ne serai jamais un joueur de banc, c’est sûr et certain. Avant d’être un joueur de foot je suis un homme qui a besoin d’être épanoui dans sa vie avant tout. Le footballeur doit être heureux au quotidien, ce sont les ¾ de son temps. À Rennes, j’avais tous mes proches à côté de moi mais je ne jouais pas, alors qu’ici je suis loin d’eux mais plus épanoui. Ça montre que le temps de jeu est prédominant pour moi. J’ai peut-être un ego mais j’ai besoin d’être bien sur un terrain et de performer tout simplement.
Vous êtes-vous renseigné sur le championnat avant de venir et comment ?
J’ai pris des contacts avec des gens qui connaissaient le championnat. Ils m’ont dit de foncer, de retrouver du plaisir, surtout que ma situation n’était pas bonne. Le but c’était de performer, de retrouver le fait d’avoir une routine et de préparer un match, car quand tu ne joues pas, tu ne prépares pas le match comme si tu allais être titulaire, surtout moi dans mon cas, je savais que je n’allais limite pas jouer une minute donc oui, ces choses-là, il faut les revivre, repasser par la case départ en quelque sorte et repartir sereinement dans les choses qu’on sait faire.
Vous avez pu enchaîner les prestations avec quelques coups d’arrêt cependant.
J’ai eu le covid pendant une période où on jouait tous les trois jours donc oui, donc j’ai raté quelques matches. J’ai aussi eu une petite blessure aux ischios en début de saison, au début de mon prêt mais sinon j’ai enchaîné jusqu’à ce match retour face au Rangers en Ligue Europa qui m’a mis de côté un mois et demi sur une fin de foulée. Un oedème de 10 cm mais je serai de retour en fin de semaine prochaine.
Vous venez de France, d’un club qualifié en C1. Vous sentez-vous investi d’un statut différent à Anvers ?
Je le sens car j’ai échangé avec le président du club qui attend forcément de moi vu que c’est lui qui a fait le nécessaire pour me récupérer. C’était un prêt payant. Il compte sur moi pour amener ma contribution à l’équipe, et c’est ce que je fais. Je suis content de pouvoir lui rendre la confiance donnée. C’est sûr qu’il y a un peu plus d’importance qui m’est accordée que ce que j’ai connu par le passé.
Je joue uniquement en centrale. On joue à trois centraux mais des latéraux plus défensifs. On a eu un changement de coach qui a une vision plus défensive car on prenait un peu trop de buts. Avant, on était surtout dans le contrôle du ballon et un jeu basé sur l’attaque.
Cinq mois après votre arrivée, sentez-vous que vous avez progressé ?
Bien sûr. C’était la chose qui me tenait le plus à cœur. C’était de retrouver du plaisir évidemment mais ce prêt devait correspondre à une phase de progression importante de ma carrière. Puisque tous les jours j’apprends, il y a un coach différent, les Belges ont une façon différente d’entraîner. Et j’ai aussi énormément de choses à apprendre des gars qui sont là. Ritchie De Laet a joué à Man U et Leicester, donc oui, ils ont de très bons cv et niveau et je dois apprendre de ces joueurs-là. Je suis l’un des plus jeunes titulaires de l’équipe. Forcément, il y a énormément de choses à apprendre, à tirer. Je veux devenir un joueur complet et ne pas être freiné parce qu’il manque un aspect en particulier à mon jeu. J’essaie de tirer le meilleur de chacun.
Quelle différence avez-vous pu observer entre la Ligue 1 et la Jupiler ?
Au-delà de l’aspect financier où il y a beaucoup plus d’argent en France et chez les actionnaires des clubs de Ligue 1, c’est l’aspect physique des attaquants qui m’a marqué. Ici, ils sont plus physiques, il y a beaucoup de temps de courses, on ne calcule pas, c’est un football à l’énergie avec énormément de contre-efforts. En France, il y a plus de vitesse dans l’exécution, ça joue plus vite en L1, les joueurs sont plus techniques, voient plus vite.
Existe-t-il une part plus importante accordée au physiquement justement ?
Non, mais au Royal Antwerp, il y a beaucoup plus de travail en salle, beaucoup plus d’activation, de préparation musculaire. Il y a énormément de choses basées sur le bas du corps. J’ai travaillé un peu plus ça cette année.
Aviez-vous un a priori négatif sur le niveau d’un championnat qu’on a tendance à qualifier d’inférieur à la L1 ?
Quand on ne connaît pas, on a tendance à dévaluer un peu le niveau. La Belgique, on n’en entend pas trop parler en France. J’étais un peu dans l’inconnu, je ne portais pas trop de jugement, j’étais curieux. On voit de plus en plus de joueurs belges débarqués en France. Je me posais des questions savoir en quoi ça pouvait m’apporter. La question principale, c’était en quoi venir ici peut m’apporter.
Vous n’avez donc pas perdu au change cette saison…
Non, c’est la question que les gens se posent mais bien sûr que non. Tu perds au change quand tu ne joues pas mais entre rester sur un banc ou jouer au foot et disputer l’Europa League dans un club qui joue les premiers rôles en Belgique… C’est une chance de jouer l’Europe. On ne sait pas si j’aurai joué ou pas si j’étais resté à Rennes, mais là, il me reste plein de choses à vivre aussi. Il n’y a pas de perte au change et que du positif à tirer de ce prêt. Je suis très heureux de pouvoir me réexprimer.
Avez-vous des nouvelles de Rennes ?
Je n’ai eu aucune nouvelle du coach (avant la démission), j’ai Florian Maurice parfois par texto. Sinon, j’ai des news de Bourige, d’Adri, de James aussi un peu, Flavien aussi un peu. Des gars avec qui on a vécu des choses fortes ensemble comme la Coupe de France qui lie à jamais.
Vous continuez de le suivre ?
Je les regarde tout le temps. Et j’apprécie toujours autant Rennes et de voir des gars qui jouaient un peu moins et qui ont eu du temps de jeu comme Clem (Grenier) à un moment.
Comment avez-vous vécu, ressenti, de loin, ces dernières semaines compliquées autour du club ?
Je n’ai pas voulu envoyer trop de messages par rapport à tout ce qu’il s’est passé, parfois un groupe peut être vite perturbé. J’ai suivi ça via les réseaux et les annonces du club et de la démission. Mon agent aussi m’a tenu au courant car il savait que ça allait se faire.
On aurait tendance à croire que le départ de Stéphan ne peut qu’être positif dans votre situation.
Ce n’est pas forcément que positif. Il avait certainement ses raisons de ne pas me faire jouer et si j’ai quitté Rennes c’est uniquement par rapport à ça. J’avais besoin de temps de jeu. Ça changera peut-être mais je préfère me concentrer sur ce que je fais à Anvers, me regarder moi-même avant de dépendre des autres. Je dois faire le max pour moi, pour être le plus performant possible et je verrai ensuite s’il y a une opportunité ou pas à Rennes.
Surtout que votre contrat s’achève en 2022…
Je dois revenir à Rennes parce que mon contrat veut ça. Après, tout peut se passer. Il y a énormément de choses qui peuvent arriver. Pour l’instant, je ne me fais pas d’idées arrêtées sur ce que je veux. Le foot va à 2 000 à l’heure, tu peux être à un endroit un jour et ailleurs le lendemain. Je ne m’embête pas avec ça. Mon unique objectif est de donner le maximum pour avoir le maximum d’opportunités et avoir le choix à la fin. Mon agent gère tout ça et je pense qu’il a déjà un peu regardé ce qui était possible de faire ou pas. C’est quelqu’un qui est assez proche de Florian Maurice, ils sont en contacts.