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Explique-moi (bien), alors.J'aime ce texte, et j'ignore si tout le PO a une aussi bonne mémoire que toi !
Bref, chercher une embrouille qui n'existe pas, je ne comprends pas.
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Explique-moi (bien), alors.Le 9 avril 1821 naissait Charles Baudelaire. Le poète, qui mourra quarante-six ans plus tard, a passé les deux dernières années de sa vie à Bruxelles, pour des raisons d’autant plus obscures qu’il nourrissait une certaine “belgophobie”, comme en témoigne son pamphlet, publié bien après sa mort, Pauvre Belgique !
“Dois-je remercier Dieu de m’avoir fait français et non belge ?” De Charles Baudelaire, célébré ce 9 avril à l’occasion des deux cents ans de sa naissance, on connaît les Fleurs du mal, son goût pour l’absinthe et sa fin précoce, mais sans doute un peu moins sa profonde aversion pour le Plat Pays.
Né à Paris en 1821, le poète a en effet passé les deux dernières années de sa vie dans la capitale belge, comme le relate La Libre Belgique. Ce qui ne devait être qu’un séjour bref, destiné à donner des conférences, à écrire des articles et à vendre ses œuvres à des éditeurs, s’est prolongé pour des raisons d’autant moins claires que Baudelaire semblait peu sensible aux charmes de la Belgique.
“Un Belge ne marche pas, il dégringole”
Au fil de ces deux années, rappelle le quotidien, Baudelaire “accumula des textes rassemblés longtemps après sa mort, en 1952 seulement, dans les Œuvres posthumes, sous le titre Pauvre Belgique ! et qui sont d’une agressivité totale à l’égard des Belges.”
On y lit notamment que “tous les Belges sans exception ont le crâne vide” et qu’ils “sont un peuple siffleur, comme les sots oiseaux”.
« La France a l’air bien barbare, vue de près. Mais allez en Belgique, et vous deviendrez moins sévère pour votre pays. Comme Joubert remerciait Dieu de l’avoir fait homme et non femme, vous le remercierez de vous avoir fait, non pas Belge, mais Français. »
Ou, plus loin :
« Le visage belge, ou plutôt bruxellois, obscur, informe, blafard ou vineux, bizarre construction des mâchoires, stupidité menaçante. La démarche des Belges, folle et lourde. Ils marchent en regardant derrière eux, et se cognent sans cesse. »
« Un Belge ne marche pas, il dégringole, écrit encore le poète. Eussé-je jamais cru qu’on pût être à la fois lourd et étourdi ? Les Belges prouvent les lois de la pesanteur par leur démarche. »
Un reflet de sa misanthropie
Arrivé en avril 1864, Baudelaire subit une attaque cérébrale en mars 1866. Il meurt à Paris, “peu après, à 46 ans, le 31 août 1867, rongé par la syphilis et sa consommation d’opium et d’eau-de-vie, dont il abusait pour soulager ses maux, raconte La Libre. Son éditeur parisien, Poulet-Malassis, écrivit qu’il devait cacher l’eau-de-vie quand Baudelaire venait.”
Son séjour bruxellois aura été une “accumulation de déceptions et d’aigreurs”, poursuit le quotidien, et c’est sans doute là qu’il faut chercher l’origine de sa “belgophobie”. “Le poète dandy ne trouve pas plus d’éditeur qu’en France pour ses œuvres complètes, et ses conférences aux thèmes un peu compliqués passent mal auprès du public”, observaient les organisateurs de l’exposition “Baudelaire > < Bruxelles” en 2017.
Deuxième piste, cette détestation serait également un reflet de sa “noirceur d’âme”, comme l’expliquait à l’AFP Jean-Baptiste Baronian, auteur d’un ouvrage sur le sujet : “C’est un misanthrope profond, un passéiste qui méprise le peuple et la démocratie, et quand il arrive en Belgique il tombe justement sur un pays très libéral, très avancé sur le plan des mœurs, où le chrétien qu’il est découvre des ‘prêtrophobes’… d’où son indignation.”
Enfin, il y a ce que cette belgophobie dit des sentiments du poète à l’endroit de son propre pays, comme le souligne Elena Savini, responsable du Fonds des manuscrits modernes à la Bibliothèque royale de Belgique – qui a acquis deux lettres où Baudelaire s’exprime sur le sujet. “La Belgique est utilisée par Baudelaire comme un miroir déformant de la France”, sa vraie cible, dit-elle à La Libre. Ce jeune État (né en 1830) est “un pays sans gloire ni fastes, qui imite pour lui de façon maladroite les défauts de la France bourgeoise en ne pensant qu’au progrès matériel et au commerce comme fausse idole”.
Dans Pauvre Belgique !, Baudelaire indiquait d’ailleurs cet “avis, inutile pour les avisés” :
« À faire un croquis de la Belgique, il y a, par surcroît, cet avantage qu’on fait une caricature de la France. »
Houellebecq contre Prévert. J’ai choisi.Jacques Prévert est quelquʼun dont on apprend des poèmes à lʼécole. Il en ressort quʼil aimait les fleurs, les oiseaux, les quartiers du vieux Paris, etc. Lʼamour lui paraissait sʼépanouir dans une ambiance de liberté ; plus généralement, il était plutôt pour la liberté, portait une casquette et fumait des Gauloises […]. À lʼépoque on écoutait Vian, Brassens… Amoureux qui se bécotent sur les bancs publics, baby-boom, construction massive de HLM pour loger tout ce monde-là. Beaucoup dʼoptimisme, de foi en lʼavenir, et un peu de connerie. […] Le « travail du texte », chez Prévert, reste embryonnaire : il écrit avec limpidité et un vrai naturel, parfois même avec émotion ; il ne sʼintéresse ni à lʼécriture, ni à lʼimpossibilité dʼécrire ; sa grande source dʼinspiration, ce serait plutôt la vie. Il a donc, pour lʼessentiel, échappé aux thèses de troisième cycle. Aujourdʼhui cependant il entre à la Pléiade, ce qui constitue une seconde mort. Son œuvre est là, complète et figée. Cʼest une excellente occasion de sʼinterroger pourquoi la poésie de Jacques Prévert est-elle si médiocre, à tel point quʼon éprouve parfois une sorte de honte à la lire ? Lʼexplication classique (parce que son écriture « manque de rigueur ») est tout à fait fausse ; à travers ses jeux de mots, son rythme léger et limpide, Prévert exprime en réalité parfaitement sa conception du monde. La forme est cohérente avec le fond, ce qui est bien le maximum quʼon puisse exiger dʼune forme. Dʼailleurs quand un poète sʼimmerge à ce point dans la vie, dans la vie réelle de son époque, ce serait lui faire injure que de le juger suivant des critères purement stylistiques. Si Prévert écrit, cʼest quʼil a quelque chose à dire ; cʼest tout à son honneur. Malheureusement, ce quʼil a à dire est dʼune stupidité sans bornes ; on en a parfois la nausée. Il y a de jolies filles nues, des bourgeois qui saignent comme des cochons quand on les égorge. Les enfants sont dʼune immoralité sympathique, les voyous sont séduisants et virils, les jolies filles nues donnent leur corps aux voyous ; les bourgeois sont vieux, obèses, impuissants, décorés de la Légion dʼhonneur et leurs femmes sont frigides ; les curés sont de répugnantes vieilles chenilles qui ont inventé le péché pour nous empêcher de vivre. On connaît tout cela ; on peut préférer Baudelaire. […] Lʼintelligence nʼaide en rien à écrire de bons poèmes ; elle peut cependant éviter dʼen écrire de mauvais. Si Jacques Prévert est un mauvais poète cʼest avant tout parce que sa vision du monde est plate, superficielle et fausse. Elle était déjà fausse de son temps ; aujourdʼhui sa nullité apparaît avec éclat, à tel point que lʼœuvre entière semble le développement dʼun gigantesque cliché. Sur le plan philosophique et politique, Jacques Prévert est avant tout un libertaire ; cʼest-à-dire, fondamentalement, un imbécile.
Prévert peut dans son dépouillement faire surgir le sensible, l’émotion, non datés, alors, calmos, sombre Houellebecq, lorsque, péremptoire, tu lâches « ce quʼil a à dire est dʼune stupidité sans bornes. »Nous allions à Pornichet dans la Loire Inférieure. La mer, je courais après elle, elle courait après moi, tous les deux, on faisait ce qu'elle voulait. C'était comme les contes de fée: elle changeait les gens. A peine arrivés, ils n'avaient plus la même couleur, ni la même façon de parler. Ils étaient remis à neuf, on aurait dit des autres. Elle changeait aussi les choses et elle les expliquait. Avec elle, je savais l'horizon, le flux et le reflux, le crépuscule, l'aube, le vent qui se lève, le temps qui va trop vite et qui n'en finit plus. Et puis, la nuit qui tombe, le jour qui meurt et un tas de choses qui me plaisaient et que loin d'elle, très vite, j'oubliais.
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