Stade Rennais. Non, rien de rien…
Par Benjamin IDRAC et Mathieu COUREAU.
À 1 heure cette nuit, le club n’avait officialisé l’arrivée d’aucune recrue, ni aucun départ. Cette dernière journée laisse un sentiment ambivalent. Pour l’attaquant tant attendu, il faudra attendre encore.
L’analyse de Leonardo Jardim, l’entraîneur monégasque, mi-août, était assez éclairante sur les tenants et les aboutissants de la période des mutations : "Un mercato désormais, c'est 20% pour acheter et vendre, 80 % pour mettre le bordel dans la maison des adversaires, c'est stratégique." La balance réelle s'avère certainement moins déséquilibrée, mais le schéma est vrai.
En clair et en résumé, pour réussir un mercato, il s’agit de se renforcer en affaiblissant des concurrents directs. Rennes a ainsi privé Lille de Sarr, en y mettant le prix certes, mais surtout en s’assurant au passage une amélioration qualitative de son effectif. Seulement voilà, à l’inverse, Rennes n’a pas su retenir Benoît Costil, lequel a en plus rejoint Bordeaux, point de chute également de Nicolas de Préville hier soir, tant convoité par la direction rennaise et qui s’est bien gardé de communiquer sur sa parole donnée à Jocelyn Gourvennec courant juillet.
Hier, à l’heure où Rennes souffrait d’une dernière bruine silencieuse, son SRFC n’avait donc toujours pas trouvé l’attaquant qu’il cherche depuis deux ans pourtant. Jusqu’à, c’est navrant, croiser les doigts à 23 heures passées pour une arrivée à deux chiffres, Diafra Sakho, qui n’est jamais venue. Ceux qui ont de la mémoire se souviendront de cette même attente immobile, un 31 août 2015, pour le Costaricien d’Arsenal Joel Campbell, qui n’avait finalement jamais rejoint la Bretagne.
Juillettistes et aoûtiens
Le constat, ces dernières semaines et à mesure que les quatre premières journées de championnat s’égrenaient, était commun entre la direction du club et l’entraîneur, Christian Gourcuff : si talentueux soient-elles, les recrues rennaises manquent de maturité. Mais le second constat, à l’heure d’écrire ces lignes, était le suivant : ni l’attaquant, ni le défenseur central, ni le taulier tant espéré au milieu de terrain ne sont arrivés. Et personne (Zeffane, Erasmus, Ribelin) n’est parti.
Le dossier de l’attaquant, pour conclure sur ce chapitre, était certainement le plus attendu par les observateurs, les supporters, la priorité des priorités. Sans doute le Stade Rennais aurait-il dû commencer par celui-là, d’ailleurs. Reviennent en écho les mots de René Ruello, sur le plateau de l'émission Pleine Lucarne, début juin, qui disait : "On peut mettre 20 millions sur un attaquant." Ou encore : "Aujourd'hui, il nous manque encore deux attaquants. Et Crivelli ou Mendy de Guingamp, ça nous tirerait pas vers le haut…"
Ces 20 millions - environ -, le club les aura récupérés d’un attaquant (Ousmane Dembélé). Il en aura investi 17 sur un ailier, Ismaïla Sarr, qui reste probablement, à ce jour, le joueur le plus rentable, de façon immédiate si l’on peut dire, de l’effectif version 2017-2018.
Il y aura bien eu deux mercatos cet été au Stade Rennais, celui des juillettistes et celui des aoûtiens. La cohérence du premier a appuyé le bien-fondé du raisonnement de Christian Gourcuff. Le second laisse finalement sur un sentiment ambivalent. Car c’est en n’allant pas au bout de son second mercato estival que le club a donné une cohérence globale à son recrutement cet été. Les soubresauts de la journée de mercredi notamment ont en effet fait craindre le pire. On se souviendra de ces trois visites médicales (Welliton, Khazri, Sakho), passées un 30 août à Saint-Grégoire, pour finalement la seule officialisation (très tardive…) du prêt du milieu de terrain offensif de Sunderland Whabi Khazri.
Et au moment de s’enfoncer dans les rues rennaises rétrécies par la nuit, cette question : si le potentiel offensif du Stade Rennais est indéniable sur les côtés, quel est l’équilibre réel de cette équipe ? La nuit porte conseil, dit-on.