Rennes peut, enfin, être fier
Le Stade Rennais a terminé seul 5e du championnat, samedi soir, à la faveur d’un dernier résultat nul face à Montpellier (1-1). Le Roazhon Park s’est embrasé. La communion a été immense de bout en bout.
Ça a commencé par une marche aux voix déjà éraillées, une marche fière, rythmée, forte, vers le Roazhon Park, l’horizon pour mire. L’horizon sera bleu et européen. L’horizon est bleu et européen. Et il flottait, hier route de Lorient, comme un parfum de grand soir, de soir de fête à n’en plus finir pour des supporters débarrassés de leurs inquiétudes de printemps qui viraient à la névrose.
Le Stade Rennais, à force d’abnégation, à force de jeunesse aussi, a gagné définitivement la 5e place du championnat. Pas besoin d’être professeur de mathématiques, néanmoins, pour comprendre que le SRFC, qui étrennait son nouveau maillot domicile, l’abordait dans un certain confort, avec trois unités d’avance sur l’OGC Nice et une différence de but favorable sur les Aiglons.
« On est en Europe, on est en Europe ! »
Il convenait donc de savourer. Simplement savourer. Tout savourer. Pêle-mêle. Yoann Gourcuff qui tombe dans les bras de Benjamin André au coup de sifflet final. Jérémy Gélin allongé sur le ventre, nez dans le gazon, sacré gamin. Ce soleil couchant dans les interstices du Roazhon Park, ce clapping géant de tout le stade impulsé par le RCK dès la première minute de jeu autant que le dernier alors que le ciel s’était éteint. Les dernières passes millimétrées de Sanjin Prcic, cher Sanjin c’était un régal. La puissance et la détermination de Joris Gnagnon qui amena le but d’Adrien Hunou (13e), la clairvoyance de Jérémy Gélin, le triplé de Depay au Parc OL, la percussion et les passes extérieur du pied de James Léa-Siliki, le jusqu’au-boutisme de Benjamin Bourigeaud dans l’effort, le double arrêt de Koubek (53e), l’allant de Mehdi Zeffane, les dernières foulées de Yoann Gourcuff, l’ovation chaleureuse qui a accompagné son entrée sur la pelouse à la 81e minute.
Tout savourer. Le stade debout. Pêle-mêle : les chants sans temps mort. Les « On est en Europe, on est en Europe ! ». La ola. Les enfants des joueurs sur la pelouse. Le tour d’honneur qui fut un joyeux foutoir.
Sabri lamouchi célébré par les joueurs
Il convenait de savourer ce soir d’été, d’observer Sabri Lamouchi, costume noir. Sabri Lamouchi, arrivé dans la froideur d’un mois de novembre sombre, qui est parvenu à s’accommoder de ce qu’il avait et à l’embellir. Il ne faut pas s’y tromper, c’est un vrai tour de force. Il faudra s’habituer à cet entraîneur capable de dire que c’est dans le rouge que c’est bon, capable de titulariser Adrien Hunou seul en pointe, de dire non à Joris Gnagnon, de faire entrer Faitout Maouassa puis de le faire sortir dix minutes après un soir contre Strasbourg, capable d’accepter des divergences de point de vue, conduite de balle impeccable jusque-là. Meneur il a été, meneur il restera. Et quand Joris Gnagnon l’a appelé au micro pour lancer le clapping final, il a préféré rester en retrait avec son staff.
À cet homme pudique, curieux, lecteur, bosseur, qui a conduit le SRFC à s’épaissir, à grappiller cinq places au classement, à terminer ses parties très fort car il a repris la préparation physique du sol au plafond. C’était la clé. Tout comme l’était la qualité du diagnostic de départ et, en ce sens, Olivier Létang aurait probablement fait un très bon médecin.
Tout savourer. Comme quand ce supporter a bravé le service d’ordre pour venir embrasser l’entraîneur rouge et noir. Savourer ce ciel du Roazhon Park piqué d’étoiles et d’artifices. Et la nuit qui a enserré la ville. Et la vie, à Rennes, qui a débordé sur chaque trottoir de la route de Lorient. Dire que ce club, il n’y a pas six mois, ne laissait pas plus de trace que le vent…