Que deviennent nos anciens joueurs ?

Où l'on parle essentiellement du SRFC
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jean ramone
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Message par jean ramone »

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Message par goupil »

C'est donc lui qui se cache sous la mascotte d'Hermining ? :daft:
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SizzlaDu35
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Re: Que deviennent nos anciens joueurs ?

Message par SizzlaDu35 »

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Re: Que deviennent nos anciens joueurs ?

Message par J_Morrison »

Quelle tristesse je trouve sa situation à Gnagnon (en vrai)
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Sylvain
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Re: Que deviennent nos anciens joueurs ?

Message par Sylvain »

Merci Damien pour ta contribution au 3ème but rennais.

Dire que c'était notre défenseur titulaire de notre saison historique avec la CDF... et qu'il est a la cave a Lyon, il a vachement régressé...
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Droopy2
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Re: Que deviennent nos anciens joueurs ?

Message par Droopy2 »

Merci à Blanc aussi, qui faisait sa revue d’effectif. Il est fixé. :mrgreen:
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goupil
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Re: Que deviennent nos anciens joueurs ?

Message par goupil »

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Droopy2
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Re: Que deviennent nos anciens joueurs ?

Message par Droopy2 »

En France, la carrière de Severino Lucas est souvent résumée à son échec au Stade Rennais, à l’aube des années 2000. Arrivé contre la somme de 140 millions de francs, flanqué du surnom de « nouveau Rolando », l’attaquant brésilien n’a jamais confirmé les immenses attentes et l’investissement placés en lui. En décembre 2003, il quitte la Bretagne pour Tokyo. Au Japon, il renaît de ses cendres, empile les buts, les titres, et s’impose comme un grand nom du football nippon.
En 2013, il met un terme à sa carrière et retourne au Brésil. Il réside aujourd’hui à Ribeirao Preto, au sud-est du pays, ville de 700 000 habitants « où il pleut moins qu’à Rennes », sourit-il. Il travaille dans le domaine du bâtiment et de la construction, vit avec sa femme Lucia et leurs enfants Pedro, Joao et Maria. Ses deux fils souhaitent devenir footballeurs professionnels. Lucas Severino « les aide à suivre leurs rêves, donc, à ne pas commettre les mêmes erreurs que moi ». Vingt-deux ans après son arrivée à Rennes, le Brésilien pose un regard sage et sincère sur sa carrière et sa vie. Ultime volet de son entretien accordé à Ouest-France et Prolongation.

-Décembre 2003. Vous quittez le Stade Rennais pour le Japon, une destination étonnante.

C’est vrai. Je rêvais plutôt d’Italie ou d’Espagne, c’est sûr. Mais bon… Le contact a été noué par un agent qui travaillait dans la région. Il a contacté mon agent et les discussions se sont poursuivies. C’est curieux, car je venais tout juste de me marier. Mon épouse allait enfin me rejoindre définitivement en France, connaître le glamour des Champs-Élysées ou du Musée du Louvre (rires). Alors, lorsque je reçois l’offre pour aller jouer au Japon, j’étais sûr et certain qu’elle allait me larguer ! Je ne voulais même pas en entendre parler. Mais elle s’est montrée très compréhensive. C’est elle qui m’a dit de considérer l’offre avec humilité, qui m’a convaincu. Et c’est la meilleure décision que j’ai pu prendre.

-Quitter Rennes, la France, l’Europe c’était aussi quitter la pression que vous avez connue au Stade Rennais ?

Complètement. Je ne jouais plus avec le fameux montant des “140 millions de francs” sur le dos. Le Japon est un pays qui veut cacher les mauvaises choses, au contraire de la France. Là-bas, pour diffuser de très mauvaises nouvelles, il faut que ce soit très grave. Mais dans leur culture, il est inutile de pointer du doigt un joueur de football qui joue mal. Forcément, j’ai beaucoup apprécié.

-Votre aventure en terre nipponne a été une grande réussite : vous avez marqué 116 buts, remporté des titres et même participé à la Coupe du monde des clubs 2008, avec le Gamba Osaka, contre le grand Manchester United de Ferguson, Cristiano Ronaldo, Giggs, Ronney et compagnie.

Étonnamment, oui. J’ai retrouvé l’envie ! Tout ce que j’ai voulu conquérir en France, je l’ai conquis en Asie. Beaucoup diront : « Oui, mais le niveau est plus faible au Japon ». Je ne dis pas le contraire. Mais au-delà du terrain, le Japon possède une culture totalement différente, qu’il s’agisse de la langue, du volant des voitures à droite, de la tradition. C’est vraiment difficile de s’y adapter. Mais j’y suis parvenu, cette fois. Et je suis certain que c’est en partie grâce à ma femme, avec laquelle je me suis marié entre-temps, qui est venu vivre avec moi. Elle est ma forteresse depuis 25 ans. Je suis chanceux de l’avoir.

-Comment votre expérience à Rennes et en France vous a-t-elle aidé au Japon ?

À Rennes, au niveau de foot, ce ne fut pas la meilleure expérience du monde, bien sûr, mais en tant qu’être humain, j’ai appris énormément de choses. C’est simple : toutes les erreurs que j’ai commises en France, je ne les ai pas commises au Japon ! Je me suis dit : je ne parlais pas français, il faut que je parle japonais ; je ne vais pas attendre que mes coéquipiers ou mon entraîneur s’adaptent à ma façon de jouer, je vais m’adapter au style japonais ; je ne vais pas rester avec les gens qui parlent ma langue, je vais m’intégrer. Quand j’ai signé au Japon, j’ai appris trois ou quatre phrases en japonais et je me suis présenté. Ce sont des détails mais ça change déjà la façon dont les gens vous regardent. Les Japonais avaient apprécié. Oui, Rennes a été une excellente leçon pour la suite de ma carrière, pour ma vie.

-Vous êtes resté dix ans au Japon. Était-ce prévu ?

Non. L’idée était d’y rester trois ans puis de retourner au Brésil à l’âge de 28 ans. Mais j’ai tellement aimé que finalement j’y suis resté dix ans. Là-bas, j’étais considéré comme un très grand joueur. Bon, je n’étais une star non plus, même si je l’ai parfois cru (il rit). Un jour, un policier m’arrête dans la rue. Il essaie de me parler. Je pensais qu’il voulait un autographe. Je lui demande s’il a un stylo. Il ne parlait pas anglais, je ne parlais pas bien japonais. On ne se comprend pas. J’appelle mon traducteur. Il me dit que le policier veut me poser quelques questions et voir si j’ai mes documents d’identité. C’était très drôle et ça prouve bien que je n’étais pas si célèbre que ça !

-Quelle trace estimez-vous avoir laissé au Japon ?

En 2014, j’ai gagné le titre d’ambassadeur du FC Tokyo (où il a joué 263 matches et inscrit 95 buts, de 2004 à 2007, puis de 2011 à 2013). J’ai également occupé une fonction au club, en 2015. Au Gamba Osaka (21 buts inscrits en 68 rencontres, de 2008 à 2010), je suis souvent invité aux événements du club et de la ville. Avant le Covid, il n’y a pas une seule année où je ne me suis pas rendu au Japon

-Et la France, y êtes-vous revenu ?

Parfois, mais pour faire des escales, ou pas longtemps, surtout à Paris, où j’ai encore quelques amis.

-Et à Rennes ?

Jamais. Pourtant, ça me tenterait. C’est une ville sympa. J’ai aussi cette envie de montrer à mes enfants où j’ai joué et vécu, même là où ça ne s’est pas bien passé. Quand je pense à Rennes, je ressens de la nostalgie. Une nostalgie positive. Je continue à suivre les résultats de l’équipe. Même si j’ai bien conscience de ne pas être devenu une idole chez vous, je garde sincèrement d’excellents souvenirs de l’équipe, des supporters, de la ville. En Bretagne, j’ai eu des difficultés professionnelles, mais je n’ai jamais vraiment eu de souci personnel. J’ai toujours bien été accueilli. J’ai toujours respecté tout le monde.

-Quel souvenir pensez-vous avoir laissé en Bretagne ?

Bonne question. Je serais curieux de revenir à Rennes pour voir comment je serai accueilli. Je ne pense pas que les supporters me hueraient, quand même… Je n’ai pas fui la ville ni commis de crimes. Le souvenir du joueur est négatif, on ne peut pas le nier, mais j’aimerais que ceux qui m’ont connu gardent en tête que j’étais un homme sympathique. Après, aux yeux du plus grand nombre, je resterai sans doute un footballeur qui a coûté beaucoup trop cher. Je pense que je serai toujours associé au prix de mon transfert. Je peux faire plusieurs interviews, essayer d’expliquer et d’assumer ma vision des choses, mais c’est impossible d’effacer l’histoire de ces 140 millions de francs.

-Le prix de votre transfert vous a longtemps poursuivi.

Oui. À chaque fois qu’on parle de moi en France, on m’associe au prix de mon transfert. Pendant longtemps, c’était pesant. Si je pouvais changer la situation, gagner beaucoup moins d’argent mais réussir au Stade Rennais, je le ferais, et sans hésiter ! Après, je sais que le dire aujourd’hui, à 43 ans, est facile… Mais je le pense sincèrement. Pour vous dire, en 2019, j’ai ardemment souhaité que Raphinha soit acheté par le Stade Rennais à un prix supérieur à celui de mon transfert… Pour ne plus être ce joueur le plus cher de l’histoire du club. Manque de chance : son prix était encore un peu au-dessous du mien (21,3 M€ pour Severino Lucas, 21 M€ pour Raphinha). Bon, depuis, la question a heureusement été réglée. (Jérémy Doku arrivé en 2020 contre 26M€ ; puis Amine Gouiri, cet été, pour un montant estimé à 28M€, bien qu’il s’agisse d’un échange avec Gaëtan Laborde + 15 M€).

-Vous avez longuement insisté sur la pression que vous avez ressentie. Il y a vingt ans, l’état psychologique d’un joueur restait tabou. Depuis peu, le sujet se démocratise. De plus en plus de joueurs reconnaissent avoir vécu des moments de burn-out, voire de dépression. Avec du recul, avez-vous traversé des épisodes de ce type au Stade Rennais ?

En effet, c’est un problème très grave et présent dans le monde du sport. Pour mon cas personnel, je me dis que les choses auraient pu être différentes, si j’avais été accompagné sur le plan psychologique. Après, je ne suis jamais arrivé au point d’être dépressif, qui est une maladie. J’ai été triste parfois, très triste même, mais jamais dépressif. En tout cas, c’est génial que la parole se libère. Ce sujet me touche, surtout que mes fils veulent devenir footballeurs professionnels. En parallèle de mes activités, j’interviens parfois dans une école où ces thèmes sont largement abordés. Après, je pense qu’il ne faut pas que les footballeurs soient trop entourés non plus…

-C’est-à-dire ?

Aujourd’hui, on ne laisse plus les footballeurs se frustrer. Ils ont toujours plus d’agents, de coaches personnels, bref, des dizaines de professionnels qui les assistent. Ce n’est pas naturel et ça peut être nocif, à la fin. C’est aussi parce que j’étais livré à moi-même que je ne suis jamais tombé en dépression. J’avais besoin de faire face à mes problèmes, de les résoudre. Bien sûr qu’il faut accompagner les footballeurs, mais il faut surtout leur apprendre à contrôler leurs émotions et régler leurs problèmes.

-Vingt-deux ans après, vous êtes-vous remis de votre échec rennais ?
Complètement. J’accepte. J’assume. Sans aucun souci. Je suis en paix, complètement épanoui, par rapport à ma carrière. J’ai joué dans sept clubs. Dans quatre d’entre eux, je suis vu comme un grand joueur, au Japon et au Brésil. Je ne peux pas me plaindre. Je ne peux pas résumer ma carrière à mon passage au Stade Rennais.

-Que dirait le Severino Lucas d’aujourd’hui, âgé de 43 ans, au Severino Lucas de 20 ans s’apprêtant à quitter le Brésil pour Rennes et l’Europe ?

(il réfléchit). Je lui dirais d’être plus mature, plus humble. Peut-être comprendrait-il qu’il n’est pas le nouveau Ronaldo, ou la nouvelle star du football brésilien, comme certains pouvaient le dire. Je pense que je lui dirais de ne pas accepter l’offre du Stade Rennais. Je n’étais pas prêt à jouer en Europe. Je me suis emballé sur le fait de changer de vie. J’aurais dû continuer au Brésil, gagner en maturité et, peut-être oui, aller en Europe, mais plus tard, plus mature, avec ma femme. Le problème, finalement, ce n’était pas Rennes. C’était moi. Peu importe le club où je serai allé à cet âge-là, ça n’aurait pas marché.

-Qu’aimeriez-vous dire aux supporters rennais qui vous liront ?

Juste une chose : merci

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Re: Que deviennent nos anciens joueurs ?

Message par Karlmat »

Merci pour le partage !
Si qqu'un a les 2 épisodes précédents, je prends !
Quand on est gouvernés par le mensonge et la violence on doit combattre et résister par tous les moyens.
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goupil
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Re: Que deviennent nos anciens joueurs ?

Message par goupil »

Merci droopy :love:
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goupil
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Re: Que deviennent nos anciens joueurs ?

Message par goupil »

Pour le coup j'étais trop jeune à l'époque pour me rendre réellement compte de "l'effet Severino Lucas" et l'impact qu'il a pu laisser chez les supporters et le club.

Mais son nom fait tellement partie de l'adn du club que je suis d'ailleurs persuadé que sans son échec, le club ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui. Une équipe pensée et construite sur long terme, comptant sur un bon centre de formation, intégrant de joueurs cohérents à la philosophie du club et évitant les joueurs bling bling au maximum.

C'est peut être un raccourci un peu simpliste mais quoi qu'il en soit, je serait ravi de le voir un jour dans les tribunes de notre Roazhon Park
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jean ramone
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Re: Que deviennent nos anciens joueurs ?

Message par jean ramone »

Et je suis persuadé qu'il se ferait applaudir car le souvenir humain qu'il a laissé est bon je crois.
Personne ne l'a rendu responsable de l'ardoise laissée et seule la direction était fautive.
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Droopy2
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Re: Que deviennent nos anciens joueurs ?

Message par Droopy2 »

Pour comprendre l’échec Severino Lucas au Stade Rennais, il faut d’abord saisir l’homme, ses origines sociales, son enfance, ses connaissances et son état d’esprit à l’idée de rejoindre l’Europe, eldorado du football, à l’aube du XXIe siècle. Vingt-deux ans après son arrivée en France, le Brésilien de 43 ans s’est longuement confié à Ouest-France et Prolongation.
Dans la première des trois parties de son témoignage, il raconte ses premiers dribbles dans les rues de Ribeirão Preto, la réputation de star naissante qui l’escorte, très jeune, et l’amène à survoler l’Atlantique, le 25 juillet 2000, à bord d’un jet privé spécialement affrété par François Pinault, actionnaire du SRFC. Il a 21 ans et s’apprête à devenir la recrue la plus chère de l’histoire du club.

-Comment décririez-vous votre enfance dans le Brésil des années 1980 ?

Je l’ai adorée. Je suis un gamin qui vient d’un milieu très simple. Je n’ai jamais été très pauvre ni très riche. Mon père était un bricoleur qui alternait les jobs de mécanicien, à l’usine, dans les cannes à sucre. Ma mère n’a jamais travaillé et s’occupait de mes trois frères et sœurs et moi à la maison. Mes parents nous ont donné tout ce qu’il faut à une personne : de la nourriture, un toit. Je passais mon temps dans la rue, à jouer avec mes voisins, à tout et rien. Le foot est rapidement devenu une grande passion. Puis, il a pris une grande place dans ma vie. Donc, je n’ai pas vraiment eu d’adolescence. À 16 ans, je jouais déjà en pro dans le club de Botafogo.

-À tel point que votre réputation dépasse les frontières de votre ville, touche votre pays puis l’Europe. Dans quelle mesure cela bouleverse-t-il l’esprit d’un jeune joueur ?

Évidemment, j’étais très heureux. Je vivais de superbes moments. Je jouais en équipe de jeunes du Brésil, j’étais considéré comme le troisième meilleur attaquant du pays derrière Romario et Ronaldinho. J’étais en pleine confiance. Mais l’Europe restait une terre inconnue pour moi. Nous n’avions pas internet à l’époque. C’était dur de se renseigner. Je ne connaissais pas bien les clubs. Mon nom a commencé à circuler dans certaines équipes, comme l’OM ou l’Inter Milan, mais je n’avais aucun moyen de savoir ce qu’il se passait réellement. »

-L’ex-président de l’Inter Milan, Massimo Moratti, vous aurait même qualifié de « futur Ronaldo ».

(Il grimace). Cette comparaison m’a bien plus embêté qu’aidé. Ronaldo est l’un des meilleurs joueurs de l’histoire du football. Associer son nom au mien m’a directement fait ressentir une énorme pression. Établir un tel parallèle, c’est attendre des performances similaires dans l’inconscient des gens, donc s’exposer à une forte critique. Et j’étais évidemment loin d’être du niveau Ronaldo. Qui l’a été ? En tout cas, je n’ai pas su absorber cette pression de manière positive, ni même la gérer. Le pire, c’est qu’on n’est même pas sûr que le président de l’Inter ait vraiment dit ça. À l’époque, c’était un autre football, donc un autre business, sans internet ni vidéo. Avec du recul, je pense que c’était aussi une façon qu’avaient mes agents de me promouvoir ou la presse de vendre des titres.

-Finalement, ce ne fut ni l’Inter, ni l’OM, mais le Stade Rennais, destination surprenante à l’époque. Pourquoi avoir choisi Rennes, en juillet 2000 ?

C’est par un joueur brésilien que vous connaissez bien en France : Rai (qui a joué au PSG de 1993 à 1998). Nous habitions dans le même quartier, mais n’étions pas spécialement amis. C’est son frère qui m’a appris l’intérêt du Stade Rennais. Pour être honnête, je ne connaissais absolument rien de l’équipe, du club et de la ville. Les premiers échos qu’on m’a donnés étaient très positifs par rapport à mon profil : une bonne ville, un club appartenant à un milliardaire qui investissait et voulait faire grandir le club, une équipe moyenne, en croissance, où il serait plus facile pour moi de m’adapter, jouer, avant de viser plus haut. À ce moment-là, il y avait deux propositions sur la table : l’Inter et le Stade Rennais.

-La presse de l’époque évoquait également une offre de l’OM, que le Stade Rennais aurait doublé sur le fil, grâce à un effort financier conséquent de François Pinault, actionnaire du club breton.

Nous n’avons reçu aucune proposition officielle de l’OM. Il y avait des rumeurs, oui, notamment d’une offre de 10 millions d’euros que M. Pinault aurait doublée. Je ne sais pas si c’est vrai. Encore une fois, les seules offres officielles que nous avons reçues sont celles de Rennes et de l’Inter Milan. Mes agents pensaient que la meilleure solution, sportive comme financière, était le Stade Rennais. Je les ai écoutés, comme j’ai écouté Rai, qui m’affirmait que c’était le bon choix, notamment car Paul Le Guen dirigeait alors l’équipe (Rai et Le Guen ont joué ensemble au PSG).

-Avez-vous directement rencontré François Pinault ?

Oui. Je l’ai trouvé super sympathique, extraordinaire. C’est d’ailleurs avec lui que j’ai goûté ma première crème brûlée ! Avec mes coéquipiers brésiliens, il nous a toujours très bien traités. Par la suite, on ne s’est pas beaucoup recroisés, mais à chaque fois qu’on s’est vus, il était soucieux de savoir comment on s’adaptait. Il ne me parlait pas de mes performances sur le terrain.
« Évidemment, ce transfert a changé ma vie, mais il n’a jamais changé qui je suis »

-Vous souvenez-vous du montant que le Stade Rennais a investi pour vous faire signer ?

(sans hésiter une seconde, avec un grand sourire). 140 millions de francs, l’équivalent de 21 millions d’euros, à l’époque. Une grosse somme. Un grand problème.

-Pourquoi ?

En France, les gens ne me parlaient que de ça… « 140-millions-de-francs » sont mes premiers mots appris en français (sourire). J’avais conscience qu’il s’agissait d’une somme très importante, que c’était un énorme investissement pour un club comme le Stade Rennais. Mais elle engendrait énormément d’attentes. Surtout que je remplaçais Shabani Nonda, un grand joueur de Rennes (qui partait pour Monaco après 37 buts en 77 matches sous le maillot rennais, de 1998 à 2000)…

-Au Brésil, comment a été perçu votre transfert ?

Ça a été une grosse surprise ! J’avais beau dire « Rennes » ou « Stade Rennais », personne ne connaissait (rires). Les gens étaient surpris, mais aussi contents pour moi. J’étais le deuxième plus gros transfert de l’histoire du Brésil, après Denilson (transféré pour 32 M€ au Bétis Séville, en 1998). Je suis longtemps resté dans cette liste. J’ai finalement pu quitter ce top 10, il y a peu. Tant mieux : je faisais quand même partie d’une liste aux côtés des meilleurs joueurs brésiliens du monde. Je n’y avais pas ma place.

-Comment un jeune joueur de 21 ans apprivoise-t-il cette situation ? Avez-vous gardé la tête froide ? Au contraire, a-t-elle gonflé ?

Évidemment, ce transfert a changé ma vie, m’a permis de changer de classe sociale, d’être tranquille sur le plan financier. Mais il n’a jamais changé qui je suis. Honnêtement, j’étais conscient que je n’étais pas un phénomène, que je n’arriverais pas à changer le Stade Rennais, seul. Je l’ai dit. On m’a répondu que le changement serait collectif, avec les arrivées de César, Bernard Lama, etc.

-Curieuse coïncidence : vous avez atterri sur le sol français, à l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle, le 25 juillet 2000, jour de l’accident du Concorde, au même lieu. Vous en souvenez-vous ?

Bien sûr. J’avais voyagé avec un jet privé affrété par M. Pinault. À mon arrivée à l’aéroport, je ne parlais pas un mot de français et j’entendais le mot « Concorde » revenir dans toutes les conversations. Je me suis demandé quel mec était ce fameux Concorde ! Puis, on m’a expliqué. C’était dramatique. Après, je ne suis pas superstitieux. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un mauvais présage avec mon futur en France.

-Dans quel état d’esprit débarquez-vous en France ?

En général, les footballeurs brésiliens ont tendance à penser que ce sont les autres qui doivent s’adapter à eux, et pas le contraire. J’étais dans l’état d’esprit opposé. Je craignais que les gens n’acceptent pas mon style, ma façon d’être. J’exigeais beaucoup de moi-même. Je voulais que les gens m’acceptent. Les premiers jours ont été durs, surtout parce que je ne parlais pas du tout la langue ! J’ai essayé de m’intégrer, mais j’ai commis une petite gaffe (rires). Lors de l’une de mes premières interviews en France, je veux faire une petite blague et j’utilise mes quelques notions d’anglais pour dire : « Hi, my name is Lucas, I’m from Brazil ! » Là, les gens autour de moi froncent les sourcils et me répondent, direct : « Tu peux parler portugais, ne t’inquiète pas, il y a des traducteurs. » Puis, je me suis rendu compte de ça qu’il y avait une rivalité historique entre les Français et les Anglais ! (rires). J’aurais dû essayer de parler en français ! C’était une question d’immaturité et d’inexpérience. On en reparlera…
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Re: Que deviennent nos anciens joueurs ?

Message par Droopy2 »

L’aventure de Severino Lucas au Stade Rennais est celle de nombreuses soi-disant pépites exotiques du football : celle d’un jeune, très jeune, homme flanqué d’une réputation aussi flatteuse qu’obscure, débarquant dans un nouvel environnement, attendu au tournant, livré à lui-même, riche, seul. L’attaquant brésilien arrive en Bretagne le 25 juillet 2000 avec le salivant surnom de « futur Ronaldo », contre un chèque de 140 millions de francs. Il quitte Rennes en décembre 2003, laissant une génération de supporters rennais désenchantée.
En trois ans et demi (deux saisons et demie complètes, entrecoupée d’une année de prêts au pays), Severino Lucas n’aura jamais réussi à confirmer les immenses attentes placées en lui (84 matches, 11 buts). Vingt-deux ans après, il assume et explique auprès de Ouest-France et Prolongation cet échec cuisant. Un mot revient à sa bouche tel un leitmotiv : l’immaturité.

-Qu’avez-vous découvert lors de vos premiers pas comme joueur du Stade Rennais, en août 2000 ?

Pour être honnête, j’ai été positivement surpris ! Le club avait une super structure, la ville était belle, le stade en travaux… Tout ce que j’ai vu correspondait à ce que j’avais entendu auparavant.
Votre premier match a lieu le 5 août 2000, contre le PSG. Que reste-t-il, 22 ans plus tard ?
(Sourire) Je me souviens que j’étais remplaçant, déjà ! Je me rappelle aussi que, de l’autre côté du banc, il y avait Nicolas Anelka, qui attendait de disputer son premier match. Lui aussi avait été acheté cher par son club (34,5 millions d’euros). C’est plutôt ça mon grand souvenir car, sur le terrain, ça n’a duré que dix minutes.

-Vous peinez à trouver vos marques. Lors de votre première saison rennaise, vous avez notamment déclaré avoir du mal à briller car vous ne jouiez pas dans votre position préférentielle.

C’est de l’immaturité. À titre de comparaison, au Japon, quelques années plus tard, je ne jouais pas non plus à ma position préférentielle mais j’ai réussi à être performant – même si le niveau technique du championnat japonais est en dessous du championnat français, j’en conviens. Mais à Rennes, j’étais immature… Je n’acceptais pas que le coach me mette dans une autre position ou même sur le banc des remplaçants, alors que j’étais le plus gros achat de l’histoire du club. Ce n’était pas de l’orgueil. Je suis toujours resté fidèle à mes valeurs et mes principes. (Il insiste). Non, c’était une grande immaturité.

-Terrain et vie quotidienne sont souvent liés. Comment s’est déroulée votre adaptation à la vie rennaise ?

Au début, je vivais rue de Fougères, près du centre-ville, dans un appartement chaleureux, proche d’un petit supermarché et de très bons restaurants, comme « Le Galopin ». Entre les galettes et les noix de Saint-Jacques, je me suis régalé. J’ai pu visiter les beaux coins de la région, comme Saint-Malo, le Mont-Saint-Michel. Mais…

-Mais ?

J’étais seul. À l’époque, je n’étais pas encore marié, seulement en relation sérieuse. Donc ma future épouse ne m’a pas suivi lorsque j’ai rejoint la France. La solitude fut aussi une difficulté à mon adaptation. J’aurais aimé avoir un appui, une personne à mes côtés, présente quand je rentre de l’entraînement ou d’un match.

-Comment réagissaient vos proches lorsqu’ils venaient vous rendre visite en France ?

(Il sourit) Je repense à ma mère. Quand elle venait, elle était aux petits soins et faisait tout pour me ramener au Brésil. Elle voulait me protéger, et je le comprends parfaitement. Mais à ce moment-là, j’avais besoin de quelqu’un qui m’aide à faire face aux difficultés, plutôt qu’à les fuir. Finalement, j’étais un jeune homme seul, qui gagnait beaucoup d’argent. Vu que ça n’allait pas bien sur le terrain, j’allais au casino de Saint-Malo, au bar, voir des amis à Paris. Je n’étais pas un fêtard mais pas un ange non plus. À l’époque, il n’y avait pas de réseaux sociaux. Je pouvais me le permettre. Alors, j’ai parfois oublié que j’étais un joueur de foot… Au début, je me prenais pour un touriste et pas un athlète professionnel… C’est une grave erreur. De l’immaturité, encore. Aujourd’hui, je ferais différemment. Je mettrais la priorité sur le foot, et rien d’autre.

-Avez-vous essayé de vous rapprocher de vos coéquipiers français pour faciliter votre intégration et bénéficier de leur expérience ?

Un peu, mais il y avait la barrière de la langue. Je fréquentais surtout les autres Brésiliens de l’équipe : César, Luis Fabiano, Vânder. Une autre erreur. Non pas que nous vivions mal ensemble. Au contraire : nous étions trop fermés pour nous intégrer aux autres, alors que les Français étaient très accueillants, contrairement à leur réputation au Brésil. Au Japon, je me suis fait plusieurs amis locaux dès le début, ce qui a facilité mon intégration. (Il sourit) De l’immaturité, toujours.

-Entre vos deux saisons complètes à Rennes (2000-01, 6 buts en 31 matches ; et 2001-02, 3 buts en 39 matches), laquelle estimez-vous la plus aboutie ?

(Il rit) Les deux saisons ont été horribles. Soyons honnêtes et reformulons la question : laquelle fut la moins mauvaise ? (il reprend un air sérieux) Pour la première, j’avais encore deux circonstances atténuantes : l’adaptation à un nouvel environnement et l’absence de présaison car je participais aux Jeux olympiques de Sydney avec le Brésil. Lors de la deuxième saison, j’habitais en France depuis un an, j’ai effectué la présaison. Je repartais confiant, emballé. Je pensais sincèrement que les choses allaient changer. Mais… ce n’était toujours pas bon.

-Comment l’expliquer ?

Il y a les facteurs de la première saison, que je vous expliquais avant. Puis, dès que je faisais un mauvais match, ou même un match moyen, les critiques étaient dures, à la hauteur du montant investi pour me faire venir. Je n’estime pourtant pas avoir été un mauvais joueur qui enchaînait les mauvaises prestations. J’ai eu quelques étincelles du « grand joueur » que tout le monde attendait, mais je n’ai jamais eu une série de bons matches. Ce n’est pas faute d’avoir essayé.

-Les critiques étaient-elles trop dures ?

C’est ce que je pensais à l’époque. Quand l’équipe gagnait, c’était grâce à tous les joueurs. Par contre, quand on perdait, c’était la faute de Severino Lucas ! Cette sévérité a commencé à m’agacer. Je le prenais mal. Je doutais. J’aurais dû juste oublier tout ce qui se disait sur moi et jouer, mais j’étais jeune, je n’y arrivais pas… Ça me rendait très triste.

-Par la suite, vous avez notamment fait ce constat : “On n’a pas le droit de mal jouer quand on a été acheté à un tel prix.”

C’est ça ! Le montant de mon transfert a engendré d’immenses attentes, donc un très haut niveau d’exigence et une impatience. Après, les supporters ne m’ont jamais manqué de respect. La presse a été dure, mais, avec du recul, je comprends comment elle fonctionne. Les actualités les plus polémiques sont celles qui font la une. Aujourd’hui, avec du recul et davantage de maturité, j’arrive à comprendre les raisons de mon échec. Je n’en veux à personne. Je prends toute la responsabilité pour moi. J’assume ne pas avoir été à la hauteur des attentes.

-Quelles différences avez-vous remarquées à l’époque entre le football brésilien et le football français ?

En France, j’ai appris un mot que je n’ai jamais oublié : « costaud ». À mon arrivée à Rennes, j’étais un joueur léger, frêle. J’ai commis l’erreur de ne pas avoir voulu renforcer mon corps, avec des exercices de musculation. Une erreur peut-être partagée avec le club, cependant, qu’il ne me l’a pas proposé non plus. Peu importe. Je fais mon mea culpa : j’aurais dû faire des exercices de renforcement musculaire, des entraînements individuels à côté. Mais j’ai appris la leçon : aujourd’hui je le fais avec mes deux fils qui veulent devenir footballeurs !

-Vous avez connu quatre entraîneurs en deux saisons et demie à Rennes. À la fin de la saison 2000-2001, Paul Le Guen est remplacé par Christian Gourcuff. Ce changement a-t-il eu un effet sur votre jeu ?

Christian Gourcuff était plus dur et exigeant avec moi. J’ai perdu encore plus de confiance. J’ai ressenti davantage de pression. Je dis toujours que si Paul Le Guen avait continué, j’aurais pu être meilleur.

-À la fin de l’exercice 2002-03, exit Christian Gourcuff, remplacé par Vahid Halilhodzic. Il ne compte pas sur vous.

Lorsqu’il m’annonce durant l’été 2002 que je suis libre de chercher un autre club, ce fut la plus grosse déception de mon aventure à Rennes. Je suis retourné au Brésil, mais ce n’était pas ma volonté.

-Une saison, deux prêts, à Cruzeiro puis aux Corinthians. Puis, vous revenez au Stade Rennais.

C’est le nouvel entraîneur du Stade Rennais Laszlo Bölöni qui a demandé mon retour. À cette époque, j’étais bien aux Corinthians. Je reprenais confiance en moi. Cette fois, je voulais rester au Brésil. Mais Bölöni a insisté pour que je réintègre le groupe. Et je suis revenu avec la volonté d’enfin m’imposer.

-Le Stade Rennais poussait alors pour réduire votre salaire.

C’est vrai. Mon agent était contre, mais j’ai accepté. Ça peut vous paraître étrange, mais cette baisse de salaire était bienvenue… Je me disais que c’était une façon de faire oublier aux gens le coût de mon transfert, de leur montrer que je n’étais pas là que pour toucher mon argent, mais pour jouer. J’avais besoin de prouver que je n’étais pas un mercenaire.

-Un nouveau départ, votre compagne qui arrive en France, un déménagement du centre-ville de Rennes à la petite ville tranquille du Rheu. Mais toujours un blocage sur le terrain. Vous quittez le Stade Rennais en décembre 2003. Inévitable ?

Oui. Le début de la troisième saison est encore pire. Je joue moins, il n’y a pratiquement plus rien de positif. Ce n’était juste plus possible de jouer au Stade Rennais. Il n’y avait plus d’onde positive de part et d’autre pour que je continue. J’avais 24 ans, je ne voyais plus l’intérêt de jouer au football. Quand on perd ce plaisir, il faut partir. Je pense que ce départ a été bénéfique pour moi, comme pour le club. C’était l’opportunité de retrouver mon envie de jouer au football. Si la suite n’avait pas marché, j’aurais arrêté ma carrière. Heureusement, j’ai rebondi.

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ptitcoco
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Re: Que deviennent nos anciens joueurs ?

Message par ptitcoco »

Super :good1:
Lucas est un chic type, ce dont je n'ai jamais douté en tant qu'ex-président et seul membre de son fan-club :mrgreen:
On en reparle en 2030...
Finalement, ce sera plutôt en 2025 😭
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eXistenZZ
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Re: Que deviennent nos anciens joueurs ?

Message par eXistenZZ »

Je me souviens encore de la photo dans France Foot avec Lucas et Turdo posant avec leurs nouveaux maillots, je nous imaginais déjà en train de marcher sur bon nombre de clubs de la L1 à l'époque...j'ai vite déchanté et heureusement qu'on avait Chapuis pour mettre quelques buts derrière :lol:
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